Au recommencement du jour incommencé
Dans ce laps de temps
poindra le crépuscule
Divisant la nuit, du jour
Aux variantes et variables bien spécifiques.
Entendons-nous bien, le matin n’est pas que l’aube
Mais cette nécessaire ponctuation…
Dans la brute assoupie un ange se réveille…
II
Il disait dans la brute assoupie un ange se réveille. La nuit l’avait tourmenté au point de faire quelques examens de conscience.
Mais l’aube altérait tout.
III
L’aube parle aussi du jour. Comme ce journal lancé, dont j’effectue la cartographie chaque matin.
Géolocaliser le quotidien. Parfois dans le mille, parfois hors-champ, parfois dans les arbustes du voisin, parfois dans les cèdres, parfois enfoui sous un banc de neige. Jamais à la même place.
Le tir est franchement cadré, plus l’on s’approche du week-end.
Puis un matin, c’est haut la main!
Mon camelot immobilise ou presque sa voiture, baisse sa fenêtre. Un cri d’avertissement… Le journal fait une ellipse.
Et le véhicule trace contre la montre! Le jour se lève sur la cité.
IV
Tout est affaire de prise lorsqu’il est question du matin. C’est que l’aube s’agrippe parfaitement au guidon de mon vélo.
Le cheminement dans l’extension de la nuit, sous l’éclairage rosâtre ou orangé, le fumeux et le brumant. Le silence texturé, les battements d’ailes de la rosée.
C’est la découverte de débris ou épaves de la nuit que la marée du matin a jetés dans la rue.
Près du centre de Distribution Coca-Cola, un vélo abandonné dans l’herbe alimente toute sorte d’histoires. Comme le sac-à-dos posé contre le tronc d’un arbre.
Si je me demande quelle est la gravité de la scène, j’obtiens ma réponse lorsque des poires tombent du poirier soudainement secoué… par une main affamée!
Pas de danger que Coca-Cola les réclame !
V
L’espace du matin progresse entre quinze et vingt kilomètres à l’heure.
Ce qui est suffisant pour inventer quelques fugues.
Comme ce bruant à gorge déployé
Qui, bien avant Miles Davis, avait inventé
Kind of Blue.
VI
Un départ hâtif,
un avion à prendre.
Un matin qui tarde à se pointer!
L’homme à la fenêtre attend son taxi
L’air songeur.
VII
Un matin de janvier,
L’Airbus en approche finale d’Heathrow survole la capitale anglaise, noircie, tamisée, par la nuit.
Il est pourtant 7h00 du matin au parallèle 51 Nord.
Le jour se pointe finalement à la gare de Paddington, comme en retard à un rendez-vous
Est-ce pour cela que les Londoniens se bousculent la sortie des subway ?
VIII
Plongée dans la ruelle.
La voisine laboure son jardin, son potager. Elle arrose ses fleurs, taille les plants.
Met ses doigts, ses lèvres, sur chaque pétale.
On dirait qu’elle parle à la flore.
Bien avant le lever de tout ce beau monde
Bien avant qu’on la traite de folle.
C’est mon café préféré du matin!
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